Camille et Sarah parlent aux chinois

Publié le par Camille et Sarah

Quand on vit dans un pays dont on ne connaît pas la culture et encore moins la langue, on adopte rapidement certains réflexes de survie.

 

Le premier, c’est de sourire beaucoup. En toutes occasions. On dit bonjour, on sourit. On est perdu, on sourit. On prend le taxi, on sourit. On achète une bouteille d’eau, on sourit. Surtout si on a seulement un gros billet pour une petite bouteille à quelques centimes. Je conserve souvent ce réflexe du sourire quand je reviens en France. Quelques jours, après je me remets à faire la gueule, comme tout le monde. Mais j’ai constaté qu’en souriant à mes compatriotes, je leur donnais envie de me parler (étonnant non). Les : vous savez où se trouve le crématorium, les : vous auriez l’heure s’il vous plaît mademoiselle j’ai oublié de remettre ma montre ce matin après avoir pris ma douche donc je n’ai plus l’heure et là j’ai rendez-vous avec mon banquier mais je ne sais pas quelle heure il est alors si vous pouviez me renseigner ce serait gentil, les : madaaaame il est où le stade (quand on m’appelle madame, je continue de sourire, mais je ne réponds pas), les éh mamoizelle c’est quoi votre 06. Un jour, une dame m’a même couru après dans la rue pour me dire que j’avais un beau sac à main. J’étais bien contente.

 

Donc ici je souris. Et quand je sors, je vérifie toujours un bon milliard de fois si j’ai bien dans mon (beau) sac mon précieux petit papier. Mon précieux petit papier (PPP) est, comme son nom l’indique, un petit papier où figurent les adresses essentielles à ma survie : l’appartement, l’école, le supermarché. Le tout étant en chinois, je ne peux pas le prononcer. Ce qui donne des dialogues intéressants avec les chauffeurs de taxi :

Moi (en chinois) : Ni hao !

Lui (en chinois) : Dépêche-toi, tu vois pas qu’ils attendent derrière OU Bonjour jeune occidentale, soyez la bienvenue dans mon taxi (à interpréter en fonction de divers critères, tels que la tête de l’homme, l’intonation de sa voix, la circulation)

Moi (en français, en lui montrant le PPP) : Je veux aller là.

Lui (en chinois, se saisissant du petit PPP) : Mh voyons voir … 13 allées des Acacias (traduction approximative). C’est parti ma petite dame.

Et nous voilà donc partis.

Généralement, les chauffeurs de taxis situent mal mon immeuble. Ce qui m’oblige à les guider.

Moi (en français) : Non non non, prenez à droite là au feu !

Lui (en chinois) : A droite là ? Je fais demi tour quoi.

Moi (en français) : Oui voilà vous faites demi-tour.

Lui (en chinois) : Si vous le dites. Et maintenant ?

Moi (en français) : Continuez … tout droit … Et là vous voyez l’horloge ? Au niveau de l’horloge vous prenez à droite. Non pas ici. Continuez … Là ici. A droite ?

Lui (en chinois, avec l’air de douter de ma bonne foi) : Ici ?

Moi (en français, d’un ton assuré) : Oui. C’est bon. Je vais descendre ici.

Lui (en chinois, désignant du doigt le compteur) : Ca vous fera 12 yuan.

Moi (en français, d’un ton très confus et affichant mon plus grand sourire) : J’ai pas de monnaie. Un billet de 100 ça ira ?

Lui (en chinois, moins souriant) : Oui bah j’aurais plus de monnaie pour le prochain client mais si vous n’avez que ça … douze, quinze, vingt, cinquante et cent !

Moi (en chinois) : Xie xie !

Lui (en chinois) : Xie xie ! Bye Bye !

Comme quoi, avec quelques gestes et deux mots de chinois, on se fait très bien comprendre.

 

Parler français est aussi une stratégie pour faire comprendre à mon interlocuteur que je ne comprends pas les sons énigmatiques qui sortent de sa bouche, et donc que par conséquent, il faudrait qu’il arrête de me regarder avec cet air interrogateur parce que sa question, vraiment, je ne la comprends pas. Face à mes exclamations en français, mes sourires (toujours) et mes secouages de tête navrés, j’ai eu le droit à plusieurs types de réactions :

Le plus courant, c’est l’éclat de rire, qui manifeste toute la surprise de l’interlocuteur. Un peu genre : QUOI ? Elle ne parle pas chinois ? Ahahah mais que c’est drôle et surprenant … J’ai pris le parti de ne pas m’en vexer.

Deuxième type de réaction : l’interlocuteur attrape un papier et un crayon et écrit (en caractères chinois) sa question. Je cherche depuis quelques jours une explication à ce phénomène et je n’ai que deux hypothèses à émettre : 1) on me prend pour une sourde 2) les Chinois pensent que leur langue est plus facile à comprendre à l’écrit qu’à l’oral.

La bonne blague.

Troisième type de réaction : Do you speak English ? Non en fait, ça ne m’est pas encore arrivé …


S.

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G
Génial et amusant!!!<br /> J'imagine le dialogue avec quelques photos insolites à l'appui (n'est-ce pas Camille!!!),cela ferait B.D et pourrait être très drole!!!!<br /> Renéga
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G
très instructif et drôle . Très judicieux ce PPP . A++++
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C
eh eh eh il faut que tu te fasses publier, au moins par cosmo ! j'ai fait lire ton blog à tous mes potos, ils ont adoré ! <br /> bécots ma poulette et continue d'écrire !
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