Camille et Sarah au supermarché
J’ai toujours aimé les supermarchés. Des grands temples du monde moderne où s’entassent des choses, des trucs et des machins dont on n’a pas toujours besoin mais qu’importe. Des symboles de la mondialisation, paraît-il. Ah bon ?
Voyager, ce n’est pas seulement découvrir une langue, une culture, une gastronomie, enfin le blabla habituel. C’est aussi apprendre à faire des courses.
A Prague, j’ai appris à mes dépends que toucher les petits pains avec la main, c’est mal.
A Banska Bystrica, j’ai découvert qu’il n’y avait qu’un seul chou mais plein. Et qu’on pouvait en faire autre chose qu’une choucroute.
A Mendoza, la frustration a été énorme : grève des producteurs de soja, blocage des routes argentines, supermarchés non approvisionnés.
A Miskolc, je me suis perdue à Tesco et j'ai cuisiné au paprika.
Et me voilà en Chine. Je peux m’arrêter de voyager, le supermarché chinois m’occupera pour les années à venir.
D’abord, comme à peu près tout en Chine, c’est grand. Et plein de Chinois.
On commence par l'étage du haut : le non-comestible.
Rien de bien palpitant, des télés, des cahiers, du Monsieur Propre qui s’appelle Monsieur Muscle, peu de fourchettes, beaucoup de baguettes, des produits pour se blanchir la peau, du produit vaisselle au gingembre. Et un dauphin en plastique bleu. Mais qu’est-ce donc ça, me demande-je. Etant d’humeur blagueuse, je fais semblant de téléphoner avec le dauphin « Allô Flipper ? ». Vague sourire de Camille. Eclat de rire d’un vendeur, qui s’approche pour me faire une démonstration (les Chinois sont friands de démonstrations). Il actionne un petit bouton et me passe le dauphin dans le dos. Un dauphin masseur ! Mais bien sûr, pourquoi n’y avais-je pas pensé ? Bien que très séduite, j’ai laissé Flipper à son vendeur. Et je me suis fait avoir un peu plus loin par une démonstration très convaincante de torchon magique. La vendeuse était tellement enthousiaste, je n’ai pas pu résister.
On descend ensuite les escalators et là : le comestible, le manger, le miam miam, la bouffe. Le grand spectacle commence.
On passe assez vite les premiers mètres, c’est le rayon algue et ça pue la marée. Puis la poissonnerie, où ça pue aussi et où on constate qu’en lieu et place des crevettes roses de l’Atlantique, se trouve ici un alligator. D’ailleurs je dis un alligator mais peut-être était-ce un crocodile. Enfin un gros reptile à l’air menaçant. Disposant d’un frigo assez petit, je me dis que non, une autre fois peut-être.
On passe ensuite au rayon fruits et légumes où je ne reconnais rien à part les tomates. Je me dis qu'il va falloir qu'on m'initie à la gastronomie chinoise parce que là comme ça, ces feuilles vertes, je ne vois pas quoi en faire. Les fruits sont beaux, on verra pour le goût.
(Si quelqu'un connaît le nom de ce fruit, qu'il parle maintenant ou se taise à jamais)
Et le riz, les nouilles et autres céréales (indéterminées).
Et le thé, que je bois par litres, avant les repas, pendant les repas, après les repas.
Et même des yaourts.
Mais de fromage, point.
Ceci est un appel au secours.
S.